La sûreté d’Etat belge est compétente, depuis 1998, pour protéger le "potentiel scientifique et économique" du pays, c’est-à-dire contrer tout espionnage industriel étranger susceptible de nuire à la compétitivité de la Belgique, on peut l’exprimer comme cela. Lui manque toujours, cependant, et depuis huit ans, une définition claire de ses missions, inertie gouvernementale oblige. On n’en dira pas autant de la France, où la DST (Direction de surveillance du territoire) veille au grain depuis 1981, ni de l’Allemagne, où la Sûreté (BfV – Bundesamt für Verfassungschutz) a conclu des "partenariats" avec quelque 1.600 entreprises dites stratégiques et dispose dans chacune d’elle d’une "personne de liaison". Cela ne signifie pas que la Sûreté belge s’est croisé les bras : il ressort en effet du dernier rapport d’activités du "Comité R" (organe créé par le Parlement pour contrôler les services de sûreté) que la Sûreté belge a pu établir que "des campagnes de désinformation et de mise sous influence sont délibérément mises sur pied dans le but de désorganiser en Belgique des secteurs, des entreprises et des instituts de recherche importants". A l’espionnage subi, ajouter l’espionnage... choisi. Comme on sait, la société Swift (siège : La Hulpe), spécialisée dans le transfert électroniques de transactions financières, juge depuis des années tout à fait normal de communiquer des données bancaires privées aux Etats-Unis pour faciliter la recherche de "terroristes potentiels". Tout à fait normal ? Le Sénat belge n’en est pas convaincu. Il a chargé le Comité R (R pour renseignement) de tirer cela au clair.
Source : De Tijd, 15 juillet 2006.
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