Le pouvoir chinois a salué la visite de Jacques Chirac en acceptant des accords commerciaux à hauteur de 5 milliards d’euros. Patrick Kron, PDG d’Alstom, n’était pas le moins heureux de la délégation française. Le groupe français, second producteur mondial dans le secteur du rail, a signé un accord concernant la production de 500 locomotives de fret à destination de la Chine. Au total, la facture s’élèvera à 1,2 milliard d’euros pour les chemins de fer chinois. Alstom n’en touchera cependant que 340 millions. En effet, le "deal" passé entre l’entreprise française et l’Etat chinois prévoit que les 110 premières machines soient produites en France, le reste étant fabriqué dans les ateliers de Datong Electric Locomotive, le partenaire chinois d’Alstom. C’est que la Chine n’ouvre pas ses marchés à n’importe quel prix. Ainsi, la firme française s’est engagée à donner à son partenaire un accès total à sa technologie. Après Bombardier et Siemens, Alstom se voit donc contraint de transférer sa technologie pour s’ouvrir les portes du plus grand marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
ferroviaire du monde. Ce cas d’école montre que les transferts de technologie dépendent peu de la libéralisation
Libéralisation
Action qui consiste à ouvrir un marché à la concurrence d’autres acteurs (étrangers ou autres) autrefois interdits d’accès à ce secteur.
d’un marché et de la suppression des barrières tarifaires, comme voudraient le faire croire certaines institutions internationales. L’accès d’un Etat à des technologies nouvelles, condition du développement de ce dernier, dépend surtout de la taille de son marché et de sa puissance sur la scène géopolitique. Bel exemple, à rebours, que celui de la Bulgarie. En septembre 2006, lorsque la branche énergie d’Alstom décroche un contrat de 700 millions d’euros pour construire une centrale au charbon en Bulgarie, il ne sera pas question de transferts de technologie car la firme française espère bien multiplier ses bénéfices en fournissant les nouvelles turbines et les services de maintenance à la Bulgarie.
Source : Le Financial Times du 26 octobre 2006, Le Figaro du 27 octobre 2006 et La Tribune du 26 février 2006
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