La création d’une fonction de facteur de seconde zone (sous-payé, sous-statutaire, etc.) a été l’occasion d’un échange instructif à la commission Infrastructure de la Chambre des Représentants. "Le facteur low-cost, on ne peut pas dire que cela soit la meilleure invention depuis le Moyen Âge", dira le député socialiste André Frédéric. Sur les bancs de la N-VA, Bert Maertens cherchera l’astuce : "On peut se demander quelle est la pertinence d’un terme comme ’auxiliaire’ qui est moralement difficile à encaisser. Et quelle est la différence entre un auxiliaire et un facteur ? Cela justifie-t-il une si grande différence de salaire et de statut ?". L’Ecolo Ronny Balcaen, pour sa part, fera parler son cœur : "Vous avez organisé la précarité au travail, c’est désolant !". Et la socialiste flamande Karin Temmerman d’enchaîner : "Travailler dur avec un salaire très bas, je crois que cela appartient au passé." On peut imaginer que la réplique du patron de La Poste, Johnny Thys, aura eu le don de clore l’incident : "Nous nous sommes juste alignés sur le niveau des salaires dans le secteur privé." Que répondre à cela ? Après tout, c’est le législateur qui a voté la privatisation de La Poste conduisant à la mise en concurrence de l’ex-service
Service
Fourniture d’un bien immatériel, avantage ou satisfaction d’un besoin, fourni par un prestataire (entreprise ou l’État) au public. Il s’oppose au terme de bien, qui désigne un produit matériel échangeable.
(en anglais : service)
public avec les cow-boys du privé.
Source : L’Echo du 26 mars 2011.
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