A terme, disent les promoteurs de l’initiative, elle révolutionnera les étiquettes des vêtements avec des indications précises sur leur qualité environnementale et sociale. Dans un premier temps, l’objectif est plus modeste : établir une base de données permettant d’identifier les impacts environnementaux et sociaux de la production de vêtements tout au long de leur longue chaîne de fabrication. Donc, chez tous les fournisseurs, toutes les filiales, tous les sous-traitants, tous les sous-producteurs – jusqu’aux fabricants de tirettes, de teintures, de coton, dont les commanditaires avouent ne pas en connaître toutes les ramifications. La base de données aura l’avantage, apprend-t-on, de permettre l’octroi d’un "score de durabilité" aux unités de production utilisées dans le Tiers-monde – et, pour les commanditaires, d’écarter celles d’entre elles qui ne répondent pas aux préoccupations écologiques ou sociales des consommateurs (en Occident). C’est une forme nouvelle d’externalisation
Externalisation
Politique d’une firme consistant à sortir de son ou de ses unités de production traditionnelles des ateliers ou départements spécifiques. Cela peut se passer par filialisation ou par vente de ce segment à une autre entreprise.
(en anglais : outsourcing)
: la responsabilité de produire "proprement" est reportée sur le Tiers-monde – et qu’il se débrouille. Le chef de file de cette initiative, baptisée Sustainable Apparel Coalition, est sans surprise la multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
américaine de la grande distribution Wal-Mart, mais elle est bien entourée, ayant à ses côtés J.C. Penney, H&M, Hanes, Timberland et Patagonia (dont le PDG a été bombardé président de la "coalition"), mais aussi l’université de la Caroline du Nord, le ministère états-unien de la protection de l’environnement et Vérité, un groupe de défense des droits sociaux. Donc, il y a de l’argent. Pour lancer le projet, ils ont deux millions de dollars à leur disposition.
Source : International Herald Tribune, 2 mars 2011.
Sur les mêmes thèmes
Autres articles de Erik Rydberg
Que faire ! - 25/01/2017
Que faire ? L’interrogation n’est pas neuve. Elle obéit au moment historique qui est le sien. Aujourd’hui, en fil rouge, une énième proclamation de la "mort annoncée" du Système (capitaliste) avec, depuis Seattle, 1999, mettons, voire Porto Alegre, 2001, une salutaire repolitisation des esprits. Elle trouve son expression la plus radicale, et binaire, dans l’opposition entre l’élite du 1% et la masse des 99%. La contestation est cependant plus que jamais désunie et fragmentée, c’est presque sa marque (...)
Lire la suite »
Cela se présente plutôt mal - 30/05/2016
Dans son tour d’horizon des fondamentaux de l’économie occidentale, titré "Quatre raisons pour craindre que les bons temps touchent à leur fin", John Authers colore les perspectives pour le secteur des pensions d’assez sombres couleurs. Un jeune battant dans la trentaine qui commence à cotiser à un fonds de pension, dit-il, peut s’attendre à travailler sept années de plus pour obtenir la pension attendue. Un exemple parmi d’autres. Et conclut : "Le risque que beaucoup n’arriveront pas, devenus vieux, à (...)
Lire la suite »
La réduction du temps de travail : essai d’abécédaire - 18/05/2016
Retour de flamme (petit point d’actu). On ne mettra pas sur le compte du hasard que des projets de loi en France socialiste et en Belgique libérale (lois dites El Khomri et Peeters, respectivement, du nom de leur agent ministériel), se soient fait jour quasi de concert. Elles sont parfaitement en phase avec la ligne politique patronale "compétitive" de l’Union européenne, dont la préoccupation majeure, pour ne pas dire obsessionnelle, est de "réformer le marché du travail". Faire travailler plus (...)
Lire la suite »
Volkswagen, un crash en ralenti - 26/04/2016
La publication des résultats 2015 de Volkswagen n’a pas manqué de faire du bruit. Perte nette sèche de 1,6 milliards d’euros, soit quelque 64 milliards de nos anciens francs belges – et son premier déficit depuis 1993, sa plus grosse perte en 79 années d’existence. C’est comme on dit "suite et pas fin" de la saga du logiciel truqueur (installé sur 11 millions de véhicules, pour mémoire), dont les tracas judiciaires ont obligé le constructeur allemand à provisionner 16,2 milliards d’euros pour débours et (...)
Lire la suite »