La discrimination au travail entre hommes et femmes est interdite, même aux États-Unis, dont la législation sociale est une des plus mauvaises au monde. C’est un principe de droit que, depuis 2001, sept femmes accusent le géant de la distribution Wal-Mart d’avoir systématiquement violé : les femmes, accusent-elles, ont des salaires inférieurs aux hommes à fonction égale, et il en va de même pour les possibilités d’avancement. (Les femmes représentent les deux tiers du personnel mais seulement un tiers des postes de direction.) Le problème, pour Wal-Mart, est qu’aux sept plaignantes se sont peu à peu jointes un million et demi de travailleuses, transformant la plainte originale en la plus grande action collective dans les annales judiciaires américaines. L’enjeu est de taille. Si Wal-Mart perd ce procès, ce n’est pas loin d’un milliard de dollars en dédommagements qu’elle devra débourser aux travailleuses – sans parler de l’effet pour le moins perturbant pour le "climat des affaires" si le verdict devait faire jurisprudence. Rien d’étonnant donc à ce que Wal-Mart ait reçu l’appui dans la bataille de poids lourds tels que Altria, Intel, Microsoft ou la Chambre de commerce américaine. C’est que, en deuxième instance, à la cour fédérale d’appel de Californie, qui s’est prononcée en avril 2010 par six voix contre cinq en faveur de l’action collective des travailleuses, ces dernières cumulent les manches gagnées. L’affaire est depuis, sur recours de Wal-Mart, devant la Cour suprême. Elle n’aura pas à juger sur le fond mais, précisément, sur le bien-fondé d’une action collective constituée sur une base aussi large. Décision (de principe) attendue au printemps 2011.
Source : International Herald Tribune du 27 août 2010 et Financial Times du 7 décembre 2010.
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